Baromètre Malakoff Humanis 2025 : le rapport au travail des moins de 30 ans en mutation
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Une jeunesse plus souvent absente… et plus vite
Alors que le taux d’absentéisme moyen reste stable à 42 % tous salariés confondus, il atteint 49 % chez les jeunes actifs de moins de 30 ans, soit un bond de 7 points au-dessus de la moyenne nationale. Une hausse nette, et surtout durable : en 5 ans, cette catégorie a connu une augmentation de 3 points, alors que l’ensemble des salariés est resté stable.
La jeunesse professionnelle, souvent perçue comme plus résistante et plus adaptable, semble pourtant particulièrement vulnérable. En 2024, près d’un jeune actif sur deux a eu recours à un arrêt maladie. Une réalité qui ne peut plus être traitée comme marginale ou passagère.
Troubles psychologiques : le nouveau premier facteur d’arrêt
Si la maladie “ordinaire” reste le premier motif d’arrêt (44 % des cas), les troubles psychologiques progressent fortement : ils concernent 22 % des jeunes arrêts (+6 points par rapport à 2019). Et 26 % des jeunes reconnaissent que leur état psychique a justifié leur arrêt de travail, contre 22 % dans l’ensemble de la population active.
Autrement dit, les jeunes n’attendent plus d’être à bout pour s’arrêter : les signaux faibles deviennent des motifs légitimes d’arrêt, dans un contexte où l’usure mentale prend le pas sur l’épuisement physique.
Pression, stress, isolement : les racines du malaise
Le baromètre montre un environnement professionnel particulièrement stressant pour les jeunes :
- 66 % estiment leur travail stressant (vs 54 % pour l’ensemble des salariés),
- 1 sur 2 se dit en état d’épuisement professionnel,
- 37 % identifient leur propre exigence comme cause de souffrance psychologique.
Et le télétravail, souvent présenté comme un levier d’attractivité pour les jeunes, n’est pas une solution miracle. Si 37 % y ont recours (contre 23 % en 2020), 23 % d’entre eux ressentent de l’isolement, soit un taux nettement supérieur à la moyenne (16 %).
Le confort de la flexibilité se heurte à l’absence de collectif, de reconnaissance informelle, d’encadrement accessible : autant de piliers essentiels, surtout en début de carrière.
Un attachement paradoxal au travail
Et pourtant… tout n’est pas noir. Contrairement aux discours alarmistes sur une jeunesse “désengagée”, l’étude révèle un attachement marqué au travail :
- 79 % des jeunes jugent bonne l’ambiance dans leur entreprise,
- 81 % souhaitent progresser et améliorer leurs méthodes,
- 57 % se sentent reconnus, une légère avance sur le reste des salariés.
Ce paradoxe interroge : comment expliquer une telle implication, couplée à une hausse de l’absentéisme ? L’hypothèse la plus plausible : l’absence n’est plus vue comme un tabou, mais comme un outil de protection ou de rééquilibrage.
Quelles réponses attendues par les jeunes ?
Les jeunes actifs ne demandent pas nécessairement moins de travail, mais un travail mieux organisé, mieux reconnu et plus humain. Les leviers identifiés sont clairs :
- Réduction ou réorganisation de la charge de travail (29 % des répondants),
- Amélioration de la reconnaissance au travail (24 %),
- Plus de flexibilité dans les horaires (20 %),
- Accès renforcé au suivi médical et psychologique (20 %).
Le message est sans ambiguïté : ce n’est pas le travail en lui-même qui fatigue, c’est la manière dont il est structuré, encadré, et vécu dans un monde instable.
Dirigeants : un virage culturel à amorcer
Face à ces signaux, 54 % des dirigeants identifient déjà l’absentéisme comme un enjeu stratégique. Et 41 % anticipent une hausse en 2025, contre 30 % seulement en 2020.
Dans les faits, la problématique ne se résoudra ni par la stigmatisation (“ils ne veulent plus bosser”) ni par des mesures ponctuelles. Ce qu’exige cette évolution, c’est une remise à plat du contrat moral entre employeurs et jeunes générations :
- Un encadrement plus proche et empathique,
- Une prévention active, pas seulement curative,
- Des politiques RH adaptées aux enjeux générationnels (écoute, feedback, santé mentale),
- Et surtout, une logique de co-construction des parcours et des environnements de travail.
SignalRH : un levier de prévention à mettre en place ?
À la lumière de cette étude, des outils comme SignalRH prennent tout leur sens : en permettant de détecter, analyser et traiter en continu les signaux faibles de mal-être (absentéisme récurrent, désengagement, tensions latentes), ils permettent d’intervenir avant la crise.
Et dans un contexte où les troubles psychosociaux deviennent la première cause d’arrêt chez les jeunes, les solutions préventives, collectives et numériques sont les seules réellement scalables.
En conclusion
L’absentéisme des jeunes n’est ni un caprice, ni une épidémie. C’est un thermomètre social, qui mesure les décalages entre les attentes d’une génération et l’organisation du monde du travail.
Le message de cette étude est clair : les jeunes ne fuient pas le travail.
Ils fuient les environnements qui les abîment.
Leur absentéisme est une invitation à repenser les fondamentaux : sens, soutien, rythme, reconnaissance. Et à donner à cette génération les moyens de rester… durablement présente.
info+: Télécharger le PowerPoint Malakoff Humanis baromètre 2025