Accidents et morts au travail : la France détient un triste record européen
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Accidents et morts au travail : pourquoi la France caracole en tête selon les dernières statistiques
Choc statistique.
En 2023, l’UE a compté 3 298 décès au travail (0,1 % des accidents) et 2,83 millions d’accidents non mortels.
La moyenne européenne des décès est de 1,63 pour 100 000 actifs… mais la France reste en haut du tableau, avec un taux d’incidence ≈ 3,6/100 000 et le plus grand nombre absolu de décès recensés parmi les grands pays. European Commission
Ce que disent les chiffres (et comment les lire)
Niveau UE. Les niveaux 2023 confirment une baisse des accidents non mortels et une stabilité élevée des décès, avec de fortes disparités selon les pays.
France en tête. Les extractions Eurostat (table hsw_mi08) placent la France tout en haut de l’UE pour l’incidence des décès (~3,6/100 000). Cette lecture corrobore l’analyse de synthèse reprise dans le PDF de référence.
Secteurs les plus meurtriers. En 2023, la construction pèse ~24 % des décès, devant transport Logistique et industrie ; la surexposition masculine explique l’écrasante majorité des sinistres mortels.
Définition Eurostat. Est « accident du travail » tout événement survenu pendant le travail, causant un dommage physique/mental ; est « mortel » celui qui entraîne le décès dans l’année. Les accidents « non mortels » retenus impliquent ≥ 4 jours calendaires d’arrêt.
« Championne d’Europe » : vraie alerte, mais…
Trois points de méthode nuancent le « classement » :
1) Périmètres d’enregistrement et incitations à déclarer différents selon les pays (risque de sous-signalement ailleurs, sur déclaration relative en France).
2) Structure sectorielle plus risquée (poids du BTP, transports).
3) Écarts de sources nationales : par ex., l’Assurance maladie recensait 759 décès « au travail » en 2023 (hors agents publics, exploitants agricoles, etc.), d’où l’intérêt de croiser EU-OSHA/Eurostat et sources nationales.
Ce qu’un dirigeant ou une DRH peut faire dès maintenant
- Cartographier finement (DUERP) par unités de travail, en intégrant RPS et situations à forte gravité potentielle.
- Cibler les “zones rouges” (chantiers, hauteur, engins, co-activité, amiante) avec des plans de prévention orientés résultats.
- Ritualiser les presqu’accidents (retour d’expérience en 5 min, sur site).
- Former au quotidien (EPI, consignations, arrêt travaux) + leadership sécurité des managers.
- Auditer la sous-traitance (clauses exécutoires, habilitations, coordination SPS).
- Piloter par la donnée (fréquence, gravité, jours perdus, délai d’analyse, taux d’actions soldées, détection proactive).
- Impliquer les représentants du personnel / prévention (revue mensuelle des faits marquants, arbitrages rapides, communication transparente).
Rappelons que le DUEPR n'est en place que dans 45% des entreprises (public privé confondu)
et que seuls 8% des DUERP sont conformes !!
